Un coeur aussi glacial que le 0 absolu? Challenge accepté. (ft. Sybile)

mathéo & sybile

C'était un beau matin à la température douce et au soleil chatoyant, ainsi qu'un tranquille jour de repos pour Sybile. N'ayant pas l'habitude des jours de repos elle était incapable de faire une grasse matinée, et plutôt que de passer sa journée à tourner en rond dans son petit appartement, elle s'était décidée à passer la journée dehors. Depuis plusieurs jours déjà, l'inspectrice avait planifié sa journée, et elle n'attendait que ce fameux jour de repos : elle commencerait donc par ce petit restaurant de l'arrondissement voisin, repéré il y a plusieurs semaines, dont elle rêvait de goûter les pancakes. Beaucoup d'attente et d'excitation pour manger des pancakes un samedi matin, me diriez-vous. Mais c'était bien assez pour donner le sourire à Sybile, et pour qu'elle trépigne gaiement vers le restaurant en question alors qu'il était à peine neuf heures.

Après une vingtaine de minutes de marche dans des petites rues où personne n'avait envie de se promener si tôt un samedi matin, l'inspectrice entra dans le restaurant avec plus de bonne humeur combinée que tous les autres clients présents, et elle prit place à une table dans un coin. Le serveur prit sa commande, et elle commença déjà à se délecter de l'idée de savourer ses pancakes ; si épais, si doux, si rebondissants, couverts de sirop et de diabète, couverts de bonheur.
Et avant même qu'elle ne s'en rende compte, son assiette était là, posée comme un cadeaux des dieux devant ses yeux ébahis.

Sybile resta émerveillée quelques instants devant ce qui aurait pu être la combinaison de tous ses noëls précédents en plus des dix à venir, tournant son assiette pour avoir le meilleur angle de vue et le meilleur reflet du sirop épais qui coulait joyeusement sur sa tour de pancakes. Elle se retenut quand même de prendre une photo, parce que quand même, c'était aller un peu loin. Couteau et fourchette en main, elle se décida enfin à entamer son petit déjeuner : sa fourchette s'enfonça dans la pâte aérienne de la pile de pancakes comme dans un juteux coussin doré, qui se laissa couper tendrement. Elle avait attendu ce moment si longtemps. Une bonne bouchée plantée sur sa fourchette, elle s'apprêta à la fourrer dans sa bouche, et puis -

❝ Salut~

La bouche encore grande ouverte, les pancakes embrochés sur les dents de la fourchette à deux petits centimètres de cette dernière, un peu de sirop coulant mollement dans son assiette alors que l'un des bouts de pancake pourtant si bien sécurisé retomba d'où il venait, amorçant sa chute dans un bruit flasque plutôt pitoyable.
Un parfait inconnu venait de se glisser dans la chaise en face d'elle.
" Et merde ", se dit-elle.

❝ Ca dérange pas si je reste là ?

❝ Je... -

Baissant lentement sa fourchette alors que son cerveau essayait de processer l'information, soufflant répétitivement du nez en penchant sa tête de manière confuse, les sourcils se fronçant à chaque fois qu'elle se demandait dans sa tête ce qui était en train de se passer, Sybile n'arrivait pas à faire quoi que ce soit d'autre que balbutier trois mots dans sa barbe. Elle regardait l'inconnu commander dans le plus grand des calmes son petit déjeuner à la même table qu'elle. Sa journée n'allait pas se dérouler comme prévu, et ça elle le savait déjà.
Elle regardait autour d'elle dans la salle, désabusée, et personne ne semblait choqué de la situation. Et le personnage haut en couleurs assis aussi mollement que le sirop de ses pancakes sur la chaise devant elle devait être celui qui était le moins interloqué de tous. Comment il avait fait pour avoir des cheveux aussi colorés et... chaotiques ? L'individu avait l'air si soigné et débraillé à la fois, Sybile était légitimement incapable de déterminer si c'était un fils de riche impulsif ou un toxico en liberté conditionnelle qui avait soudainement décidé de dépenser son argent acquis dieu-ne-sait-où dans un restaurant chic de bon matin.

❝ C'est dingue comme c'est calme ici... Moi c'est Mathéo, et toi ?

A priori, il n'avait eu aucune considération pour la surprise qu'il infligeait à la parfaite inconnue à laquelle il imposait sa compagnie. Et à posteriori, il en avait sans doute parfaitement conscience. Sybile réussit enfin à former une phrase cohérente dans sa tête après de très longs instants de silence cérébral, et s'apprêta à lâcher un "mais vous êtes qui ?" offensé et complètement hors de caractère ; avant de se rendre compte qu'elle venait d'avoir la réponse avant même de poser la question. D'ordinaire patiente, l'inspectrice eu soudain l'impression que ses nerfs avaient tellement surchauffé en l'espace de trois minutes, qu'ils étaient désormais plus grillés que les frites d'un mauvais fast-food.
Professionnelle comme toujours, elle se ressaisit avec une grande inspiration et regarda bêtement ses pancakes en espérant qu'ils la sortent de cette situation - et à part si elle lui faisait manger l'assiette dans laquelle ils étaient posés, Sybile doutait grandement qu'ils l'aident de quelque façon. Au moins, ce cher Mathéo avait l'air inoffensif au possible, et se ferait sans doute tout petit si elle lui mettait sa plaque sous le nez.
" Allez, ça peut pas être si terrible. ", se dit-elle. " Qu'est ce que tu peux faire d'autre de toute façon ? ".

❝ Euh... Sybile.

La façon si relâchée et déconcertée dont elle venait de prononcer ces deux pauvres mots l'étonna d'elle-même ; elle avait l'impression d'avoir déjà abandonné tout espoir de sauver cette situation tant elle était arrivée vite et lui avait fait manger un uppercut dans sa petite matinée bien planifiée, délicatement placé entre deux pancakes coulants. Pancakes qu'elle regarda à nouveau, sa fourchette reposant sur le coin de l'assiette et attendant de se faire avaler depuis tout à l'heure. Avec un train de pensée étonnement vide, Sybile fourra la fourchette dans sa bouche. Et là, ce fût comme si la lumière s'était rallumée dans ses yeux : le sucre du sirop coulant sur sa langue, la chair tendre des pancakes fondant délicatement dans sa bouche, l'arrière goût métallique de la fourchette qui mit un point final à sa bouchée avant que le sucre descende copieusement dans son gosier. Le meilleur moment de sa journée, et tout ce qu'elle avait pu espérer. Si agréable qu'elle s'en sentit pousser des ailes et de la bonté, et donna une chance à l'inconnu. Enfin à Mathéo.

❝ Dites... ça vous arrive souvent de débarquer à la table des gens ou c'est juste aujourd'hui ?

Il venait de se manifester à l'improviste dans sa vie, mais au moins il avait eu la délicatesse de lui donner son prénom. Pas très commun par ici d'ailleurs. " T'es tellement chamboulée par ce qui vient de t'arriver que t'as vraiment une réflexion aussi stupide, on en est là ", se dit-elle. Et hop, une bouchée de son petit déjeuner de plus pour faire passer les questions débiles de son fort intérieur.

❝ J'espère au moins que vous avez commandé des pancakes, parce qu'ils sont délicieux.

L'inspectrice posa poliment sa main devant sa bouche, encore en train de mâcher. Si elle sortait de cette rencontre avec sa santé mentale intacte, elle commanderait volontiers quatre assiettes de plus rien que pour le support moral.

Spoiler:

mathéo & sybile

Seulement aujourd'hui ? C'était donc bien sa veine. Qui sait, peut être qu'il aurait pu atterrir le derrière la première à la table un peu plus à gauche, contre la vitre, ou une autre fille était assise seule. Il l'aurait sûrement vue en premier aussi, de dehors. Pourquoi avait-il choisi sa table à elle ? Pas que Sybile soit territoriale, ou qu'elle se pose d'habitude trop de questions - elle se posait définitivement trop de questions, maintenant mais aussi d'ordinaire -, mais ça lui semblait bien étrange que cette situation lui soit tombée dessus à elle en particulier.
Et puis, au final, est ce que c'était vraiment quelque chose de si peu ordinaire ? Elle était sûrement en train de trop y réfléchir et de se retourner la tête, encore une fois, si bien que pendant quelques instants elle s'était tue et avait répondu en décalé à son interlocuteur.

❝ Oh, je savais même pas qu'ils servaient de la glace si tôt..

Toujours pas entièrement revenue dans la conversation, Sybile rêvassait au fait de manger de la glace au petit déjeuner, comme si c'était quelque chose que seul les gens riches et sans aucune considération pour leur premier repas de la journée faisaient. Un jour peut être elle réalisera qu'effectivement, aucune loi ne lui interdit de se nourrir de ce qu'elle veut quand ça lui plaît. Enfin sauf de cadavres. Mais cette loi là, elle aura sûrement du mal à l'oublier.

❝ En fait c'est la première fois que je viens.. Je reviendrais sûrement pour les pancakes d'ailleurs... un jour où j'ai le temps.

Aussi bonne la drague de l'inconnu pouvait être, Sybile était complètement aveugle et n'avait vu aucun sous entendu dans la question. A vrai dire, elle se demandait encore pourquoi un jeune homme qui lui était parfaitement inconnu pouvait bien vouloir venir s’asseoir innocemment en face d'elle au restaurant et discutait avec elle de plus en plus familièrement, et ça faisait déjà à peut être dix minutes que la situation en était là. Alors de là à voir dans son discours des avances à se revoir, son petit esprit remplit de pancakes était déjà bien loin. Difficile de croire que son boulot était d'enquêter - mais au final elle avait toujours été plus femme de terrain que de bureau. Se servir de son cerveau c'est bien, mais des fois on veut juste penser à des pancakes bien chauds et coulant de sucre au petit déjeuner.
D'ailleurs, ça faisait un moment qu'elle se remuait les méninges sur les mauvaises questions, et elle en avait presque oublié de manger. Sybile s'apprêta à reprendre une bouchée, mais se fit interrompre de nouveau.

❝ En effet, je suis suédoise. Mais je pourrais te dire la même chose.

Elle fourra la fourchette dans sa bouche, toujours en prenant le soin de mettre la main devant la bouche. On ne perd pas les bonnes manières. Elle se dit qu'elle reviendra définitivement quand elle aura un nouveau jour de repos, et puis elle repensa - enfin - à ce qu'on venait de lui dire. Est ce que ça voulait dire que Mathéo reviendrait ici tout le temps ? Pour manger de la glace ou juste pour la voir ? Est ce que c'était une bonne chose, ou est ce que Sybile devait commencer à repérer d'autres restaurants ..? La fourchette de sa deuxième bouchée était restée en suspension dans les airs, et l'inspectrice affichait une moue pensive en regardant son petit triangle de pancake.

❝ Je me demande bien ce que tu fais d'habitude, quand tu mange pas une glace avec une inconnue de bon matin.

Elle regarda Mathéo un moment, toujours sa fourchette dans les airs, et plissa même suspicieusement les yeux. Elle se posait définitivement trop de questions, et elle réalisa que le regarder comme ça c'était bizarre.

❝ Mmm... ça sonnait un peu trop comme une accusation. Désolée. Déformation professionnelle, peut être.

La fourchette disparut dans sa bouche encore une fois. Tant qu'il ne l'invitait pas à boire un verre à neuf heures du matin, ou à repartir faire une grasse matinée dans son lit, est ce que la situation était si terrible que ça ? Pauvre Mathéo, il avait mal choisi sa cible - elle était bien plus occupée à faire sens de ce qui lui arrivait plutôt qu'à comprendre qu'elle se faisait draguer. Grand classique de Sybile.

mathéo & sybile

A l'écouter parler, Mathéo avait un historique et une vie aussi éclectique et étrange que son apparence le montrait. Avec sa crinière multicolore et ses vêtements qui ne cherchaient même pas à cacher qu'il s'était levé et était sorti en moins de cinq minutes, les deux assis en face à face faisaient un certain... contraste. Et du point de vue de l'inspectrice, le cerner pour le comprendre semblait très compliqué, parce qu'elle le sous estimerait sûrement toujours avec ses suppositions. Elle connaissait les enquêtes, mais elle ne connaissait aussi que l'ordre, les choses droites, la simple cause à effet. Mais il n'avait pas l'air d'être comme elle, à se poser des questions tout le temps. Peut être devait-elle vivre plus simplement, elle aussi. En y pensant, elle se relâcha un peu.
D'ailleurs, elle réalisa à l'instant qu'il avait embrouillé l'inspectrice en expédiant sa réponse. Mais à peine avait-elle commencé à ouvrir la bouche pour lui rappeler que ce n'était pas la question qu'elle lui avait posé, Sybile se fit menacer par une cuillère. Elle sursauta et regarda Mathéo s'exciter tout seul sur ses spéculations, l'air surpris et ne sachant pas trop quoi faire en face de cette boule d'énergie en fusion, si bien qu'elle en oublia complètement sa question.

❝ Je suis plus... une men in grey, dit-elle en penchant la tête, pensive. Je suis inspectrice au CCG. Je chasse des ghouls pour empêcher qu'elles fassent plus de dommages qu'elles n'en ont déjà fait, dans les grandes lignes. Et aussi pas mal de paperasse.

Elle retint la pulsion de sortir sa plaque, qui resurgissait à chaque fois qu'elle parlait de son travail à un civil, comme un vieux tic. Sybile n'était plus vraiment un "agent secret" depuis les attaques, et ça lui faisait toujours aussi bizarre. Elle avait passé toute sa carrière à cacher son travail, et à s'entraîner à protéger les civils du danger, mais aussi de la vérité. Maintenant que le mythe des ghouls n'en était plus un, elle ne savait plus trop comment en parler. A vrai dire, c'était peut être la première fois qu'elle en parlait aussi ouvertement avec un civil. C'était un peu... rassurant, de ne plus avoir à se cacher.

Plongée dans ses pensées sur la question, Sybile manqua inévitablement de s'étouffer avec une bouchée de pancake en entendant la remarque de Mathéo. Son copain ? Si seulement. En dehors de son travail, il n'y avait rien. Il n'y avait jamais rien eu. L'amour et tout ça c'était lointain, quelque chose hors de sa portée, dont elle n'était sûrement pas vraiment digne. La question la gênait un peu, même.

❝ Ah, non non ! Pas du tout ! Personne en première classe - enfin non, premier rang.. - n'a vraiment le temps d'entretenir des relations du genre. Et quand on se voit déjà toute la journée, on a pas forcément envie de se voir en dehors du travail !

Sybile avait maintenant un grand sourire gêné, et riait nerveusement. Comme si qui que ce soit voulait la voir en dehors du travail. Sybile ne s'était jamais vraiment intégrée, ni au cours de ses études ni au travail. En général on la connaissait de loin, sans vraiment vouloir l'inviter dans la discussion ou chercher à se rapprocher d'elle ; et quoi que travailler avec l'Ange Blanc n'est pas la pire des corvées, une fois la mission terminée les collègues restent des inconnus. Mais elle y était habituée, ça ne la vexait plus vraiment. C'était bien plus tranquille que de devoir avoir d'autres interactions une fois sa journée terminée.

❝ S'il y a une seule personne qui me trouve cool ça doit être mon chat, quand je finis par rentrer à la maison et que je remplis sa gamelle.

Une phrase de plus et Sybile était officiellement le cliché de la grand mère folle de chats, mais à vingt-six ans. Soudain elle se sentit un peu vieille, et grimaça dans son coin. Au moins son chat ne la jugera pas, quand elle rentrera en chouinant ce soir...
Et d'un coup, elle fit enfin la connexion. Pourquoi Mathéo était venue à sa table, pourquoi il voulait lui parler, pourquoi il lui posait tant de questions. Est-ce que c'était vraiment ce à quoi elle pensait ?

❝ Hé.. attends... mmm... tu penses que je suis cool ..? C'est pour ça que tu es venu t’asseoir ici ?

Non.. si il voulait vraiment parler à une inspectrice compétente et avec du charisme, il ne serait pas venu à elle. Il y avait littéralement des dizaines et des dizaines d'inspecteurs beaucoup mieux gradés qu'elle, et appréciés pour leur force et leur tempérament malgré leur travail. D'autres inspecteurs qui n'avait pas commis de fautes aussi grosses qu'elle, et qui n'avait pas été rétrogradés pour ça. Qui n'avaient pas du sang des leurs sur les mains. Qui n'avaient pas fui lâchement leur milieu à défaut de savoir quoi faire.

❝ Tu vas sûrement être déçu... Je doute pouvoir être aussi cool que quelqu'un qui joue aux jeux vidéos toute la journée. Pour être honnête, je n'ai jamais vraiment touché à autre chose qu'un jeu de société..

L'inspectrice ricana nerveusement encore une fois. Peut être les choses auraient été différentes si elle avait été plus comme Mathéo avait l'air d'être, si elle avait étendu ses horizons. Peut être n'était-il pas trop tard. Mais ce n'était pas le moment d'y penser ; elle chassa tant bien que mal ses idées noires et reprit une bouchée de son petit déjeuner, sans pouvoir chasser son malaise pour autant.

mathéo & sybile

Cool, elle ? Inutile de préciser que Sybile avait du mal à y croire. Elle avait bien conscience que quelqu'un propre sur soi qui a écrit "je viens d'une bonne famille" sur le front émane une certaine classe, avec en plus le coté force de l'ordre qui en rajoute une couche, mais elle avait le sentiment de ne pas vraiment le mériter. Après tout, elle était juste distinguée et maniérée à cause de son éducation, et parce qu'elle ne connaissait rien d'autre que cet environnement aseptisé. Il n'y avait rien d'honorable là dedans.

❝ Mmm... si tu le dis..

Sybile regardait son interlocuteur parler aisément de son travail, plein de confiance. Lui, il était cool. Du moins, vivre de sa passion comme il le faisait avait l'air cool ; elle qui regrettait de ne pas avoir pu développer ses intérêts et en faire sa carrière plutôt que de taper sur des ghouls à longueur de journée, elle ne pouvait que l'envier. Elle se demandait bien ce que ça faisait, d'aimer son travail et de prendre du plaisir chaque jour. Au moins, elle pouvait se consoler en se disant qu'elle protégeait un peu le monde, avec ses actes monstrueux.

Elle le regardait faire alors qu'il griffonnait quelque chose sur un bout de papier. Il était vraiment en train de lui laisser son numéro et de partir ? Donc il voulait vraiment la revoir ..? Sybile avait du mal à y croire C'était définitivement pas la matinée qu'elle avait imaginée. Rien de semblable ne lui était vraiment jamais arrivé, et elle ne savait pas trop quoi répondre. Elle suivait Mathéo des yeux, presque bouche bée, avant de finir par revenir à elle juste avant qu'il s'éloigne de la table.

❝ Oh ! Euh... Merci. Je ferais ça alors.

Elle lui adressa un sourire maladroit alors qu'il s'éloignait. Au final, elle ne lui en voulait pas vraiment de s'être invité dans ses plans à l'improviste. Malgré qu'elle se soit faite prise de court dans ce qu'elle pensait être une paisible sortie petit déjeuner, Sybile n'avait pas passé un si mauvais moment que ça. Elle regarda le bout de papier glissé à coté de son assiette, et il y avait bien un numéro dessus. Alors qu'elle réalisait enfin qu'elle s'était faite draguer tout ce temps, l'inspectrice vira au rouge et regarda par la fenêtre dehors en espérant voir le jeune homme se moquer d'elle de loin. Mais elle ne vit personne. La place en face d'elle était vide, et il ne restait qu'une coupe de glace à moitié vide.
Elle regarda le petit papier entre ses doigts pendant un moment, pesant le pour et le contre. Sybile était très intimidée et pas sûre du tout ce qu'elle devait faire, peut être le jeter serait la meilleure option. Mais... elle fourra le papier dans sa poche quand même, au cas où.

Finir son assiette seule lui paru extrêmement silencieux, maintenant que Mathéo était parti. Elle devait bien se forcer d'admettre que c'était plutôt agréable d'avoir de la compagnie, et rien qu'y penser lui faisait bizarre. L'idée resta bloquée dans sa tête un long moment, même après avoir fini son repas et être partie, alors qu'elle jouait avec le petit papier dans sa poche. Peut être qu'elle finirait par l'appeler, une fois la gêne passée..