prologue
Les vives lumières, le bruit incessant des voitures, l'agitation constante ; tout ça, tu y est bien habitué. Tu vis à Tokyo depuis des mois ou des années, natif ou immigré, et toute cette vie hyperactive ne te surprend plus. Tu penses avoir tout vu. Tu crois.
Mais cette fois, ce n'est pas le cas, et tu changes d'avis rapidement. Au coin d'une rue, dans le couloir de ton appartement, ou même par ta fenêtre, tu en as vu une. Une ghoul. Tu pensais que c'était un mythe, une légende urbaine pour dissuader les jeunes filles de rester trop longtemps dehors la nuit, mais tu viens bien de la voir. Un monstre dévoreur de chair, au corps d'abomination, tapi dans les ombres pour déguster son butin.
Et tout ce qu'il en reste est une traînée de sang étalée au sol, et des papiers sur une nouvelle personne disparue collés partout dans les rues le lendemain.
Des mois et des mois plus tard, alors que tu n'y pensais plus, ce souvenir te revient quand les informations ne parlent que d'attentats menés par Aogiri, par les ghouls. Ce nom résonne dans ta tête alors que tu te rappelle de ce mauvais rêve, et que tu te dis encore une fois que ce monde est tombé, une bonne fois pour toutes, dans le plus profond des désespoirs.
Après des mois de conflit, à voir des forces de l'ordre en manteaux gris à chaque fois que tu mettais un pied dehors, à entendre chaque jour que plus de gens sont tués, que plus de bâtiments sont assaillis ou détruits ; un jour, tu remarques que tu en vois moins, puis plus du tout. Ce même jour, tu allumes la télévision, et tu remarques que les informations ne sont plus polluées par des crimes commis par les ghouls.
Le temps passe, toute la ville oublie ces monstres, mais toi tu n'oublies pas.
Tu as eu raison de ne pas oublier.
Quand ces tags de fleurs rouges sur les murs sont arrivés de nulle part et se sont multipliés, quand des quartiers entiers redevenaient des terrains de chasse, quand les offices du CCG ont commencé à tomber ; tu as eu raison de ne rien oublier.
Tu t'es dit que tout cet enfer allait recommencer, encore une fois. Tu t'es dit que tout le monde allait paniquer, et qu'un jour peut être le problème serait réglé, que les ghouls seraient éradiquées. Mais cette fois tout le monde a détourné le regard plutôt que de tourner de l’œil. Alors que tous les hommes espèrent silencieusement que le sort leur fasse une deuxième faveur et que le CCG fantasme sur de moyens plus inacceptables de lutter, les ghouls se regroupent en un groupe destructeur : Higanbana.
Tout détruire pour tout recommencer.
Mais toi, tu feras en sorte de ne pas oublier.